Pourquoi le droit au silence ?
Parce qu’un bon interrogatoire peut fabriquer un criminel !
Lecture de Pâques, chez Penalex on ressort nos classiques ; aujourd’hui La Panne de Friedrich Dürrenmatt.
Un homme, Alfredo Traps, tombe en panne à l’orée d’un village et, en attendant que sa Studebaker soit réparée, va devoir passer la nuit chez l’habitant.
L’habitant, c’est un sympathique juge à la retraite qui, le soir en question, reçoit de vieux amis : un avocat, un procureur et un bourreau, tous retraités aussi.
Ensemble, autour d’un gueuleton fastueux et arrosé de vins fins, ils vont jouer à leur jeu favori : accuser, défendre, juger et peut être même condamner … cet étranger dont il faudra préalablement découvrir quel a été son crime …
« Curieux et intrigué, Traps s’enquit du crime dont il aurait à répondre.
– Aucune importance ! lui répondit le procureur tout en essuyant son monocle. Vraiment, c’est la moindre des choses : un crime, on en a toujours un »
Puis, avec l’ingénieux interrogatoire du procureur, le tourbillon de la justice se met en route …
Une nouvelle saisissante de Friedrich Dürrenmatt sur la culpabilité et qui, de notre point de vue, met particulièrement bien en lumière le sens du droit à garder le silence. Car sinon tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous et sera même interprété par les autorités compétentes pour faire de vous le criminel que vous ignoriez être, jusqu’à vous en persuader…
Un chef-d’œuvre, courez chez votre libraire !
La Panne, Friedrich Dürrenmatt, 1956